ÉCRITS DE LA BÊTE NOIRE
René Daumal
Éditeur :Editions Unes
Livre
Langue d'origine :Français
Format :15,0 x 21,0 cm
Nombre de pages :32
Date de parution :10/09/2021
ISBN :ISBN 978-2-87704-233-8
Prix :13,00 €
Argumentaire :
Ces trois textes inédits de René Daumal ont paru respectivement dans les troisième, quatrième, puis huitième (et ultime) livraisons d’un éphémère mensuel de 8 pages nommé La Bête noire (1935-1936), imaginé par Marcel Moré, Roger Vitrac, Michel Leiris, Raymond Queneau et Jacques Baron, et qui a compté Antonin Artaud ou encore Le Corbusier parmi ses contributeurs. La revue, à peine née, est l’objet de vives tensions entre plusieurs grandes figures du milieu littéraire, et cristallise les divisions de l’avant-garde, notamment entre les surréalistes et leurs dissidents. Georges Bataille refuse avec véhémence d’y participer, sans parler de l’ombre menaçante d’un André Breton soucieux de préserver son territoire. Dès le deuxième numéro, Leiris et Queneau eux-mêmes souhaitent la disparition de La Bête Noire qu’ils ont conçue comme une forme d’union sacrée ! Daumal rentre pour sa part d’un séjour aux États-Unis, Le Grand Jeu est derrière lui, il retrouve brièvement Paris et ses amis avec ennui, voire une forme de dégoût. Il s’installe à Genève et ces querelles de chapelles sont loin de ses préoccupations. Mais il ressent la décrépitude du milieu poétique et il se fait l’écho rageur, désenchanté de cette fin de cycle à laquelle il semble adresser un « au-revoir ! » cinglant dans ces textes corrosifs et lucides, qui évoquent une société triste, vide, qui a sombré dans le bavardage et qu’il serait urgent de désinfecter. L’esprit moderne, déchu, consume en 1935 ses restes de truquages et de combines, les déceptions vis-à-vis des promesses qu’il n’a pas su tenir finissent de l’anéantir, et l’époque, de passion et d’action, politiquement tendue vers le pire – dans laquelle les intellectuels se démènent, « contre-attaquent » ou pataugent – accélère cette faillite, la leur.
Biographie ou Bibliographie de l'auteur :
Né à Boulzicourt (Ardennes) en 1908, René Daumal passe son adolescence à Reims, et s’engage dès cette époque dans l’aventure littéraire avec ses condisciples Roger Gilbert-Lecomte, Roger Vailland et Robert Meyrat. Au printemps 1924, les quatre amis fondent le simplisme dont ils se disent les « phrères », multiplient les expériences d’écriture, mais aussi celles des limites, en mêlant alcools, drogues, explorations nocturnes, provocations et idées fixes, pour atteindre au « dérèglement de tous les sens » cher à Rimbaud. En 1925, Daumal et Vailland poursuivent leurs études à Paris, où les rejoint bientôt Gilbert-Lecomte. En compagnie de nouvelles recrues, dont le peintre Josef Šíma, ils fondent, fin 1927, le groupe « Le Grand Jeu » et sa revue éponyme – lieu fondamental pour rendre compte méthodiquement, et poétiquement, de leurs expériences et de leurs visions placées sous le signe de ce qu’ils nomment « la métaphysique expérimentale ». Le Grand Jeu prend fermement ses distances avec le surréalisme, provoquant le désarroi d’André Breton qui multiplie les tentatives de séduction pour annexer, en vain, les principaux animateurs du groupe au sien. En 1930, Daumal fait la connaissance d’Alexandre de Salzmann qui l’initie à l’enseignement de Gurdjieff, et se lance peu à peu dans un mode d’existence et de travail qu’il considère comme l’accomplissement vital de sa quête métaphysique. Engagé comme attaché de presse du danseur indien Uday Shankar, il l’accompagne en tournée durant l’hiver 1932-1933 aux États-Unis, au moment même où le Grand Jeu périclite, puis s’installe à Genève avec sa compagne Vera, loin des milieux littéraires parisiens et de leurs querelles. De retour en France en 1936, il publie un livre de poèmes, Le Contre-Ciel, puis un récit féroce et hilarant, La Grande Beuverie, en 1939. Diagnostiqué tuberculeux la même année, il meurt à Paris en 1944. Son œuvre est majoritairement posthume.