OUESSANT
Enez Eusa Apocalypse et droits de bris
Serge Pey
Éditeur :La rumeur libre
Livre
Langue d'origine :Français
Format :14,1 x 19,2 cm
Nombre de pages :160
Date de parution :01/04/2021
ISBN :978-2-35577-211-5
Prix :18,00 €
Argumentaire :
Ouessant, Enes Eusa,est une apocalypse et un droit de bris. Rédigé volontairement sans majuscule, il est un poème de contrebande et de naufrage, de photos péries en mer et de paroles de sauvetage. Chant épique, il a été conçu comme une médiation et une transe, depuis le sémaphore de l’île, devant les rochers déchirant un Atlantique vengeur et amoureux.
Ces mots-tempête, dédiés à son ami le druide et explorateur du mystère Breton, Gwenc’hlan Le Scouëzec, est aussi un hommage à toute la poésie bretonne, traversée par les figures de Bruno Geneste, Eugène Guillevic, Yvon Le Men et Paul Keineg.
Venu du plus profond de ses montagnes occitanes, Serge Pey convoque ici, dans une longue hallucination acérée, les oiseaux, les passés et les avenirs, les mythologies, les faits divers, mais aussi les fantômes de toutes les Bretagnes qui habitent encore aujourd’hui le cœur des Bretons. Poème écologique, engagé et amoureux,Ouessant, Enez Eusaa obtenu le Prix Xavier Grall en 2020.
Ce livre a été écrit en 2019 sur le Sémaphore de Créac'h à Ouessant, dans le cadre d'une résidence organisée par la Maison de la Poésie du Pays de Quimperlé.
Biographie ou Bibliographie de l'auteur :
Serge Pey est né en 1950 dans une famille ouvrière du quartier de la cité de l’Hers à Toulouse. Enfant de l’immigration et de la guerre d’Espagne, son adolescence fut traversée par la lutte antifranquiste et les mouvements révolutionnaires qui secouèrent la planète. Militant contre la guerre du Vietnam, il participa activement aux événements de mai et juin 1968. Parallèlement à son engagement politique, il découvrit très tôt la poésie et les voix de fondation qui ont transformé sa vie. De Lorca à Whitman, de Machado à Rimbaud, de Villon à Baudelaire, de Yannis Rítsos à Elytis, d’Alfred Jarry à Tristan Tzara, des troubadours à Antonin Artaud, des poésies chamaniques à celle des poésies visuelles et dadaïstes… Il commence alors la traversée d’une histoire de la poésie contre la dominance française des écritures de son époque.
C’est au début des années soixante-dix qu’il inaugure son travail de poésie d’action et expérimente, dans toutes ses formes, l’espace oral de la poésie. Le travail de Serge Pey dans la poésie contemporaine se définit comme une articulation entre écriture et oralité. Se déclarant lui-même comme un héritier des poésies du monde, il ouvre des passages dans les poésies traditionnelles des peuples sans écriture, la poésie médiévale, les pulsions du zaoum et celles de la poésie sonore. À la suite de Jerome Rothemberg, on a pu attribuer une partie de son travail à l’espace de l’ethnopoésie. La façon de médiatiser son poème, ou de l’illustrer oralement, passe par une rythmique faisant appel à toutes les ressources du corps: battement de pieds, percussions avec ses mains, voix de ventre et de gorges. Il déclare lui-même vouloir « champter» le poème. Dans sa diction vertigineuse proche de l’hallucination, le rythme restitue la colonne vertébrale de son texte. Serge Pey reste le musicien ou le batteur inégalé de ses poèmes. Ses nombreux récitals avec Allen Ginsberg, ou des musiciens comme André Minvielle, Bernard Lubat ou Beñat Achiary illustrent la force de son engagement de diseur.
Puisant les thèmes de son écriture plus particulièrement dans les symboliques d’un «mysticisme athée », ses livres Bâtons de la différence entre les bruits, Le Millier de l’air, La Parole des bâtons, Dieu est un chien dans les arbres ou Poèmes à l’usage des chemins et des bâtons sont des explorations mystiques de la marche de la vie dans l’absolu de sa naissance permanente. Écrits comme des constructions symboliques ces poèmes témoignent aussi de la force mystique et d’une écriture fraternelle avec Pessoa ou Reverdy ou encore de la théologie négative d’Angélus Silesius dont il partage les labyrinthes de connaissance. Des traités d’alchimie à la pensée orientale du taoïsme jusqu’aux détours par la philosophie présocratique et gnostique, sa poésie couvre des champs immenses de la spiritualité. Le travail mené par le poète autour des poésies premières s’est manifesté particulièrement par la publication et les «performances» réalisées autour du Peyotl. À côté de ceux de Charles Duit ou de Burroughs, son livre Nierika ou les mémoires du cinquième soleil, réalisé à partir de la cosmogonie et des pratiques hallucinogènes des Indiens Huicholes, a ouvert un espace majeur dans les littératures de l’extase. Son poème Nierika est ainsi un hommage aux langues de la vision. Serge Pey reste un créateur parmi les plus singuliers de la poésie-action internationale. Inventeur et concepteurs des marches mondiales de la poésie, un long métrage, La Boîte aux lettres du cimetière, lui a été consacré en 2015.
Docteur en Histoire contemporaine et en Lettres modernes, écrivain, poète, plasticien, ses recherches convoquent des domaines aussi divers que l’archéologie, la linguistique, la philosophie, l’ethnologie et la psychanalyse. Expérience des limites du langage, engagement politique et philosophique de la poésie, examen critique de la performance, interrogation sur les contradictions de la modernité, statut du rôle des avant-gardes, sont les thèmes centraux évoqués dans ses recherches théoriques. Ses textes de création éclairent d’une manière pertinente et polémique le rôle que le poète peut jouer dans les espaces urbains d’une société qui propulse la poésie hors du livre. Lauréat du Grand Prix national de poésie de la Société des gens de lettres, du Prix international de poésie contemporaine Robert Ganzo, le Prix de poésie Guillaume Apollinaire lui a été décerné en 2017. Président aux destinées de la Cave Poésie de Toulouse, il est à côté d’Arrabal, satrape du Collège de ’pataphysique. Professeur émérite, il est membre de l’Unité Mixte de Recherche, FRAMESPA-CNRS. Serge Pey a dirigé jusqu’en juin 2018 les Chantiers d’art provisoire du CIAM à l’université Toulouse 2 – Jean Jaurès.