Façon de parler
Ernst JANDL
Éditeur :PO&PSY
Livre
Langue d'origine :allemand (Autriche) - traductrice : Inge KRESSER
Format :10,5 x 15,0 cm
Nombre de pages :100
Date de parution :01/03/2017
ISBN :978-2-7492-5455-5
Prix :12,00 €
Argumentaire :
coll. Princeps
L'ouvrage intitulé "Façon de parler" (du titre de l'un des poèmes qui y figure) est une sélection de 42 poèmes, parmi les plus brefs et les plus accessibles à un large public, extraits des 8 volumes qui composent les œuvres complètes du poète autrichien Ernst Jandl (1925-2000).
Édition bilingue allemand-français, sur fiches détachées.
Couverture intérieure avec un dessin de Ena Lindenbaur
Notices bio-bibliographiques du poète, de la traductrice, de l'artiste
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L'argument tient tout dans la citation suivante du poète parlant de lui-même :
"... Il a toujours eu quelque chose à dire, et il a toujours su qu'on pouvait le dire comme ça ou comme ça ou comme ça ; et donc il n'a jamais eu de peine pour dire quelque chose, par contre, pour la manière de le dire, oui. Car pour ce qu'on a à dire, il n'y a pas d'alternative ; mais pour ce qui est de la manière de le dire, il existe une multitude infinie de possibilités. Il y a des poètes qui disent toutes sortes de choses, et toujours de la même manière. Faire ça ne l'a jamais tenté ; car en fait il n'y a qu'une seule chose à dire mais celle-la toujours et toujours d'une manière nouvelle."
Ernst Jandl, dingfest, 1973
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Littérature de « résistance » (Zeyringer), l'œuvre de Ernst Jandl est pour son auteur une « réalisation de liberté » (Realisation von Freiheit). [...] L’esthétique, intrinsèque aux textes littéraires, est toujours liée aussi à l’aspect politique. Il ne s’agit pourtant pas de réduire les textes esthétiques à un simple message politique. La critique sociale ne se manifeste qu’à travers le travail sur la langue. C’est la radicalité de la forme qui s’affirme en radicalité sociale et donc politique. [...] Jandl ne doute pas de la langue elle-même – puisqu’on est dans la langue et qu’on n’en a pas d’autre pour s’exprimer – mais de son usage . [...] La langue est considérée comme du matériau brut et le poète puise non seulement dans le système de la langue au sens saussurien mais aussi dans son répertoire propre, subjectif : son « réservoir » de mots et de tournures lexicales, de réflexions, de souvenirs etc. Le résultat est la production d’un objet, d’un artefact. [...] Il faut jouer de toutes les possibilités de la langue et Jandl parle de Manipulation mit dem Sprachmaterial qui permet de rendre compte de sa composition/construction et donc aussi de sa contamination (dans la foulée de Kraus) par des automatismes et des phrases toutes faites. Mais tout comme Jelinek plus tard, Jandl va bien plus loin que Kraus – c’est par la déformation de la langue produisant une nouvelle langue artificielle que l’auteur met à jour le fonctionnement de la langue et de la pensée. La confrontation de matériaux hétérogènes provoque des réactions fortes et le travail sur la lettre permet de rendre visible l’invisible. [...] Cette poésie, même dans son stade le plus expérimental, n’est jamais autoréférentielle, le travail sur le matériau participant toujours du dévoilement de normes et du langage de la société.
Biographie ou Bibliographie de l'auteur :
Né à Vienne en 1925, Ernst Jandl est appelé à 18 ans sur le front, d'où il s'enfuit, se constituant prisonnier des troupes américaines. Après la guerre, il étudie l'allemand et l'anglais qu'il enseignera par la suite. Il commence à publier ses premiers recueils de poésie, il écrit des pièces radiophoniques et donne des représentations publiques, notamment avec des musiciens de jazz. Il sera accompagné sa vie durant dans sa démarche de création, d'abord par ses parents (sa mère Luise écrivait de la poésie et son père "favorisait l'art") puis par sa compagne et complice en poésie Friedrericke Mayröcker, elle-même poète renommée.
À partir de 1956, il abandonne les poèmes "réalistes" pour "avancer en terrain non balisé", avec "des moments de répit et de séjour dans les oasis du bonheur d'avant". Mais il marche "sans discontinuer sur le chemin expérimental, ce qui veut dire que toutes les méthodes pour construire, à partir de la langue, une œuvre d'art, sont essayées, abandonnées puis essayées de nouveau." Délaissant à certains moments les règles de la grammaire et de l'orthographe, il produit des fragments visuels ou sonores dont la poésie ressort non pas amputée ou insensée, mais renforcée (à la manière des peintres de l'ancienne Chine recherchant l' "unique trait de pinceau").