Les Etats généraux de la poésie # 01, 2017
La visibilité du poème
Événement unique en son genre, le Marché de la Poésie est sans doute aucun le plus grand rassemblement de poésie en France, voire au plan international. Mais, une question double se pose : qu’est-ce la poésie contemporaine et quel est son devenir ? Plus encore, quels sont ses enjeux artistiques, sa place dans la société d’aujourd’hui, son univers économique ? Autant d’interrogations auxquels le Marché de la Poésie se devait de tenter d’apporter des débuts de réponses ou, tout du moins, tenter de poser les questions fondamentales sur ce sujet. Face aux « industries médiatiques et culturelles », nous défendons une certaine forme d’artisanat culturel, et le succès de notre événement ne dément pas ce fait, d’année en année. C’est ce sens de marché, celui d’un lien directement entre le « producteur » et l’« amateur » de poésie, que nous nous attachons à promouvoir. Depuis le mois de juin dernier, nous avons mis en place un comité (avec La Maison des écrivains et de la littérature, la Société des gens de lettres, la Biennale internationale des poètes en Val-de-Marne, l’Union des poètes & Cie, le Printemps des poètes, la Fédération européenne des Maisons de poésie/Réseau Maipo, Ent’revues… et d’autres partenaires qui nous rejoindront dans les semaines qui viennent, y compris des media) pour mettre en place des États généraux de la poésie. Alors finalement pour 2017, le 35e Marché de la Poésie et sa Périphérie seront totalement dédiés à ces États généraux : tables rondes, lectures et autres événements autour de la poésie, dans la réflexion et dans l’action, à Paris, en Île de France, mais aussi en Régions, avec l’ensemble des partenaires volontaires (sans prétendre toutefois à l’exhaustivité), dans des lieux qui savent (ou sauront) se consacrer, sans exclusive bien sûr, à la poésie, représentant les courants, les tendances, l’ensemble des acteurs (poètes, éditeurs, traducteurs, organisateurs, libraires, journalistes, universitaires…) qui importent aujourd’hui. Mais, la poésie n’étant pas intégriste, nous saurons également la mettre en dialogue avec d’autres formes d’écritures, de courants, la confronter aux autres arts. Nous souhaitons que la poésie trouve (retrouve ?) sa place dans la cité, démontrer qu’elle est à l’écoute du monde, voire au service du monde. Durant ces mois de mai et juin 2017, nous allons donc mener ensemble la réflexion, l’action, dresser un « état des lieux et des pratiques » avec tous ceux qui se sentent concernés par la poésie et le poème aujourd’hui.
Ouverture des Etats généraux # 01, 2017
Lyon, Bibliothèque de la Part-Dieu, 16 mai 2017
(Intervention liminaire d’Yves Boudier, président du Marché de la poésie, suivie du discours d’ouverture de Pierre Vilar, « Le poète dans la cité »)
Certes, on peut n’être pas tout à fait d’accord, lorsqu’on se situe à l’intérieur-même des pratiques de poésie, comme nombre d’entre nous ici, avec les propos de Martin Rueff à la une de notre dernier numéro du Marché des Lettres, je cite :
S’il y a des Etats généraux de la poésie c’est que l’état de la poésie, en général, n’est pas si bon : le diagnostic n’est pas neuf, mais il a fallu la malédiction jetée sur la parole par le capitalisme métamorphique (…) pour que soient détruites les conditions de possibilité de la réception et de la diffusion des livres de poésie. Heureusement pas celles de son énonciation : il n’y a qu’à se pencher à l’intérieur.
Quels que soient nos différends, « se pencher à l’intérieur », voilà bien notre but aujourd’hui : interroger les frontières, questionner l’étonnante porosité poétique dans laquelle nous vivons, en en éprouvant à la fois les limites et les prouesses, voire les promesses. Mais, les Etats généraux #01, 2017 se veulent optimistes. En témoigne l’ampleur des propositions que nous avons reçues, l’enthousiasme de la plupart de nos partenaires.
Nous sommes heureux d’ouvrir ces Etats généraux #01, 2017 ici à Lyon, quasiment au cœur de notre pays, de ses langues. Nous allons aborder dans cette journée une thématique sensible, celle de la relation délicate entre poésie et politique(s).
La poésie et les politiques donc, de toutes natures, question que nous avons préféré formuler de manière plus ouverte, nous protégeant sagement d’inutiles polémiques :
La poésie dans la cité.
C’est avec grand plaisir qu’avec vous, au nom du Marché de la Poésie et de l’ensemble de ses partenaires, je déclare ouverts les Etats généraux #01, 2017.
Sans plus attendre, je cède la parole à notre ami Pierre Vilar qui nous a fait l’honneur d’accepter la difficile mission de prononcer les premiers mots fondateurs de ce mouvement ambitieux et généreux.