Périphérie #37
JEUDI 27 JUIN 2019 / 19 H
Centre international poésie Marseille / Marseille (13002)
Numéro R
Numéro R, salon des revues de création poétique en Région Sud
Inauguration à Marseille de la première édition conçue et organisée par le Centre international de poésie, à la Vieille Charité, du jeudi 27 au dimanche 30 juin 2019. Plus de vingt revues de création dont la plupart réalisées en Région Sud, rencontres et performances.
Le Marché de la Poésie invite la revue Toute la lire et son directeur de publication Christian Désagulier.
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La revue Toute la lire en tant que machine à lire le poème généralisé
Il arrive qu’en 1976 tout commence par la publication de quelques premiers vers dans une revue, dans la Commune Mesure de Jean-Hugues Malineau. Tu croises un poète qui bientôt te croise et t’embarque avec lui dans l’aventure des mots, te révèle que ceux du poème partagent avec les liquides le principe d’Archimède et que dûment jointoyés, quintoient.
Il arrive alors que tu te demandes, celui que tu imaginais devenir à maturité, ou bien qui d’Autre, les cartes à jouer déployées : il n’en sera rien, poète on ne peut que devenir, désapprendre à être avec le temps qui coule et que de ponts en ponts qu’il est impossible de traverser sans repasser deux fois par le même pour revenir à la maison comme à Königsberg, si c’est cela la vie.
Ponts desquels tu sautais dedans le fleuve avec les moutons, il arrive alors que d’autres poètes te recueillent à bord de leur yole : l’Oracl Valin Jean-Claude en 1985, l’In’Hui Jacques Darras, la PO&SIE de Michel Deguy et la Jalouse Pratique d’Hervé Bauer en 1994 avant remue.net François Bon en l’an 2000, et puis vers la FIN de Jean Daive avant qu’en Pleine Marge de Jacqueline Chénieux et 591 de Jean-François Bory puis les alphanumériques Catastrophes de Pierre Vinclair et sitôt dit sitaudis de Pierre Le Pillouër : des « interprètes anonymes, enchaînés et brillants de la revue à grand spectacle ».
Il arrive qu’un jour, petit homme devenu, tu imagines à ton tour un bateau à voiles de papier résistant à la corrosion en mer des sarcasmes. Un bateau affrété de poèmes dont le manifeste ferait poème à son tour, poème de poèmes pour Toute la lire. Une embarcation dont tu aurais confié le design, la texture des lettres de l’alphabet, le choix des matériaux et la conception du pavillon, des flammes et de la figure de proue à Julia Tabakhova de rigueur toute helvète et de mers intérieures.
Une revue en forme de bateau à voiles dans une bouteille, fut-elle de Klein, dont le message envelopperait la bouteille, fut-elle de Kleist, ou bien encore une pile Volta dont le contact des textes multidisciplinaires et polyglottes produirait assez de courant d’éclairage pour lire les nuits sans lune de la Grande Panne.
Toute la lire n’est toutefois pas un laboratoire, c’est-à-dire un lieu de recherches expérimentales ni appliquées, dirigé par un mystérieux docteur Cornélius. N’est pas non plus un kiosque localisé à la pointe extrême du Kamtchatka. Ni non plus une cabane de paille ou de bois, une maison en papier, pirouette, cacahouète, ou bien encore un préfabriqué où d’insouciants petits cochons trouveraient refuge et résistance aux pères-grands déguisés en grands méchants loups. Non, ce sont les mamelles des louves qu’il convient de téter comme Gibbon pour faire du poème le poème.
Et montrer qu’en cherchant, il y a partout, à l’état latent, soucis de langage, entêtement, sans solution de continuité de genres ni d’espèces, que le poème relève de tous les champs du connaître, soi et le monde, de l’agir, sur soi et le monde, de l’espérer, pour soi et le monde.
« Toute forme engendre une force… » dit Hugh MacDiarmid et c’est bien ce que voudrait produire Toute la lire, celle de revenir parmi les siens au bruit du claquement de langue à l’oreille, sachant que tout élargissement isole, que toute forme à l’informe reconduit.
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Le Cahier N°1 paru le 4 août 2015 a couleur de latérite rapportée des pistes africaines d’Ouest et d’Est, de Grèce comme du corps et de là, réunissant poètes, philosophe, anthropologues, dramaturge, écrivain-e-s d’atelier, au bureau comme à cheval ou à vélo, tous tout à la fois, écrivain-e-s de poèmes, ponctués des photographies rapportées des trois coins cardinaux d’Afrique et bornés de dessins aux noirs saturés.
Le Cahier N°2 datant du 11 novembre 2016, a de l‘indigo la couleur et poursuit son enquête anthropoétique en tous genres, en compagnonnage d’auteur-e-s de poèmes, de récits et de théâtre, traducteur-e-s, toutes et tous le sont, poètes-quelque chose, anthropologues qui écrivent sur le terrain, celui du corps comme d’Espagne, de Colombie, dans l’entre-deux russoviétique, c’est à dire sur, pour et depuis maintenant.
Le 14 juillet 2017, un Cahier N°3 parme de poèmes géo-ethno-musico-politico-bio-cinémato-graphiques pour explorer de nouvelles possibilités hypergraphiques. Un pied aux péninsules d’Europe, nordique et italique, un autre en équilibre sur une poutre en Russie, d’autres encore marchant dans les flaques de ciels d’océans mais toujours marellant, chaussés de semelles cousues d’Afrique – il en faut des pieds pour se faire un ailleurs et des mains à serrer, à jongler avec des 0 et des 1 où le poème se jouerait des langues et des alphabets : un poème de poèmes si et seulement si.
Et puis venant de paraître ce 21 avril 2019, sous la forme d’un Cahier spécial crème de laine de mouton, une Leçon d’Algèbre dans la bergerie…
(C.D.)
organisée avec le CipM et Ent’revues