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PAUL LES OISEAUX (PORTRAIT)

Erwann Rougé

Éditeur :éditions isabelle sauvage


Livre

Langue d'origine :français

Format :12,0 x 20,0 cm

Nombre de pages :66

Date de parution :07/06/2024

ISBN :978-2-490385-45-4

Prix :17,00 €

Argumentaire :

Paul les oiseaux est une édition revue du livre au titre éponyme publié aux éditions Le dé bleu, en 2005. De fait, Erwann Rougé l’a profondément repris sans pour autant s’éloigner de son propos initial, ce pourquoi le titre n’a pas été modifié — à un détail près, qui a son importance : il est aujourd’hui sous-titré portrait. Le texte est ici resserré d’une vingtaine de pages, il est désormais scandé en trois parties au lieu de quatre, non titrées ni numérotées, ne faisant plus entendre qu’une seule voix et centrées sur la seule figure de Paul. On a là un formidable travail de réécriture du poème, comme désossé, repris jusqu’à l’os : s’arrêtant sur chaque mot, chaque vers, les interrogeant au plus près, les recomposant l’un avec l’autre, les ajustant, les re-densifiant, sachant pourtant que la première édition était loin d’être « bavarde », Erwann Rougé ayant toujours été un poète à l’écriture extrêmement concise, serrée, pour qui — il le redit ici — « les mots sont des vertèbres / des chairs des os » et qui s’interroge : « D’où vient que ça prend langue / au bord de pas dire jusqu’où ».
Paul est « demeuré » — il faut se souvenir que demeurer est aussi continuer d’être / avoir sa demeure, habiter —, ou « inadapté ». C’est un être de sensations, un être-oiseau (de l’oiseau, figure récurrente de toute l’œuvre d’Erwann Rougé, les références sont ici constantes) : il ne parle pas, mais « porte à la bouche l’écriture / des pattes d’oiseau » ou il « dit cela au vent », avec « le bout d’un doigt », ou parle « en arbre », « en pierre qui pleure », ou encore « à contre-langue / le bruit des ailes à l’intérieur » — il « avale le terrifiant », il « crie le dedans ». D’une infinie fragilité, il est d’une extrême douceur et délicatesse. Lui qui « ne sait pas le corps si grand » « ralentit les doigts » ou « se hisse sur la pointe des pieds / pour ne pas blesser où il marche ». Mais si « La main à plat touche terre / et les mots montent dedans », « tout pèse dans l’autre sens », « la place d’amour » est piétinée et il va « le bec perdu d’avance », « raturer la peur // racler le sable qui chante / un requiem d’eau ».
Alors, c’est peut-être le poète, le poète-corbeau, qui peut donner à cet « animal poésie » — « cet éphémère céleste » —, « une durée infinie », lui qui « sépare la chair de l’os » / « blanchit l’os », justement, c’est le poète peut-être qui peut « tisse[r] l’épissure peut-être poème » et laisser Paul « dormir là / où la parole se relève ».
On ne s’étonnera pas que le titre soit emprunté au Paul les Oiseaux, ou la Place de l’Amour d’Antonin Artaud, cité en exergue. De ce court texte de 1925, où on peut lire : « Paul les Oiseaux a une voix imperceptible, une démarche d’insecte, une robe trop longue pour lui. […] Paolo Uccello représente l’Esprit, non pas précisément pur mais détaché », Artaud avait déclaré : « Je suis vraiment Paul les Oiseaux. » En sous-titrant portrait ce nouveau Paul les oiseaux, Erwann Rougé se place ainsi dans le sillage d’Artaud en incarnant un être-oiseau, un poète-corbeau.

Biographie ou Bibliographie de l'auteur :

Erwann Rougé, né en 1954, a, entre autres, animé les éditions Dana et Approches, dont il a cessé les activités début 2015. Il est l’auteur, depuis Amour neige d’oubli (Calligrammes, 1983), de nombreux livres, dont Les Forêts, Douve, Haut Fail, Le perdant (prix Georges Perros 2018) ou encore L’absent aux éditions Unes, Bruissement d’oubli ou Le Pli de l’air chez Apogée. En 2017, a paru aux éditions isabelle sauvage, dans la collection « ligatures », L’enclos du vent, avec des photographies de Magali Ballet et, en 2020, Proëlla dans la collection « présent (im)parfait ». Il a également participé à de nombreux livres d’artistes, avec, par exemple, Thierry Le Saëc, Yves Picquet, Loïc Le Groumellec ou François Dilasser.