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Journal d'un maître d'école. Le film, un livre
Vittorio De Seta, Federico Rossin, Francesco Grandi
Éditeur :L'Arachnéen
Livre
Langue d'origine :Italien
Format :17,0 x 23,0 cm
Nombre de pages :132
Date de parution :07/06/2019
ISBN :978-2-37367-015-8
Prix :30,00 €
Argumentaire :
On connaît surtout Vittorio De Seta comme le réalisateur de "Il mondo perduto" (témoignage sur les cultures populaires du Sud de l’Italie en voie de disparition, 1954-1959) et de "Banditi a Orgosolo" (fiction politique sur la condition des bergers sardes, 1961). En 1971, il entame la réalisation de "Diario di un maestro" (Journal d’un maître d’école) dans une école de la banlieue de Rome, avec les élèves – pour la plupart fils de familles immigrées – dans leur propre rôle, et un acteur originaire du Sud, Bruno Cirino, dans celui du maestro. Le tournage dure quatre mois. Les quatre épisodes du film, d’environ une heure chacun, sont diffusés à la télévision italienne en 1973. Ils sont vus par 20 millions de spectateurs et suscitent un débat sur l’école à l’échelle nationale.
"Diario di un maestro" n’a jamais été projeté en France, hormis dans quelques festivals. Les scènes sont improvisées par les adolescents et le maestro sur la trame d’une fiction écrite au jour le jour par De Seta et Francesco Tonucci, le conseiller pédagogique. Le tournage a lieu dans la classe et à l’extérieur, dans les terrains vagues alentour, sur les lieux de travail des élèves pour lesquels certains avaient déserté l’école au début du film. On assiste à l’invention collective d’un programme alternatif qui, suivant les préceptes de l’école nouvelle (héritée notamment de Freinet), implique la vie, l’histoire et la culture propres des élèves. Côté corps enseignant, le maestro affronte de vieux instituteurs académiques, dont le jeu compassé coïncide délibérément avec les rigidités et les réflexes discriminatoires de la vieille école. Le film fini rend compte du processus même du travail, pédagogique, cinématographique, politique.
« L’idée fondamentale, écrit De Seta, a été de ne pas faire de film ; en réalité, nous avons fait une école et nous l’avons filmée. »
De ce film, édité en DVD pour la première fois, L’Arachnéen a tiré un livre qui décrit la fabrique technique et artistique du film, puis analyse les circonstances du renouveau éducatif italien. La spécificité de la situation italienne de l’époque n’empêche pas que les termes du débat sur l’école nous soient absolument familiers. "Diario di un maestro" est à la fois un témoignage, une fiction pédagogique et le modèle d’une utopie par définition inactuelle. L’édition de ce livre-DVD lui donne sa place dans l’histoire de la pédagogie et dans l’histoire du cinéma.
Biographie ou Bibliographie de l'auteur :
Entre 1953 et 1959, Vittorio De Seta (né en Sicile en 1923 et mort en Calabre en 2011) réalise un ensemble de dix courts métrages intitulé "Il mondo perduto" : seul, équipé d’une caméra 35 mm et d’un enregistreur, il filme les vestiges des cultures populaires en Italie du sud. "Banditi a Orgosolo" (1961), son premier long métrage – tourné en Sardaigne – décrit le destin d’un berger pris entre les lois de l’État et les règles non écrites de la communauté sarde. Ses deux films suivants, "Un homme à moitié" (Un uomo a metà, 1966) et "L’Invitée" (L’invitata, 1969) – coproduits par la France – sont des films de fiction largement inspirés par son expérience de la psychanalyse. Après "Diario di un maestro" et "Quando la scuola cambia", il retourne au documentaire et réalise quatre films dont deux, "La Sicilia revisitata" (1980) et "In Calabria" (1993) ont pour thème, dit-il, la « “superstition” du progrès ».
Federico Rossin est historien du cinéma, critique et programmateur indépendant dans de nombreux festivals, en France et en Europe (Italie, Chypre, Portugal). En France, il conçoit notamment chaque année plusieurs programmes de films pour les États généraux du film documentaire à Lussas, pour le Cinéma du Réel à Paris et les Rencontres du film documentaire de Mellionnec, la Décade cinéma et société à Tulle, le festival Filmer le travail à Poitiers. Il a publié de nombreux essais, sur le cinéma documentaire et d’archive, sur le collage au cinéma, sur le cinéma polonais, sur Jean-Luc Godard, Wang Bing, Joseph Losey, etc.
Francesco Grandi est historien, spécialiste de l’histoire de l’antisémitisme, du sionisme et de l’antifascisme libertaire. Il a mené pendant dix ans des recherches sur les questions d’immigration et sur les politiques éducatives dans les contextes de précarité économique. Il est actuellement responsable de la recherche et du développement à la Fondation Giangiacomo Feltrinelli à Milan.