J’ÉTAIS SORTI
Je suis monté chez moi. J’ai sonné. Personne. J’étais sorti.
J’ai descendu les escaliers quatre à quatre pour essayer de me rattraper. Ça ne faisait pas longtemps que j’étais parti. J’ai regardé dans la rue à gauche, à droite. Je ne me suis pas vu. J’étais peut-être déjà loin.
Je me suis senti abattu. J’avais quelque chose d’urgent à me dire et je ne me trouvais pas.
Je commençai ma recherche. J’allai dans tous les endroits que je fréquentais. J’aurais pu me dire où j’avais l’intention de me rendre. Mais le savais-je ? J’étais peut-être parti à l’aveuglette, obéissant aux impulsions de l’instant : une belle rue, une jolie fille, une galerie, une librairie.
Enfin, je me vis. Pâle et défait. Que m’était-il arrivé ? Je me le demandais. Apparemment très ému, je ne me répondis pas.
J’avais l’air perdu, je m’en apercevais aux regards des passants. Quelqu’un me questionna.
– Vous cherchez quelque chose ?
– J’attends quelqu’un.
Je ne me souvenais plus de la question que je devais me poser. Du coup, je me sentais hésitant, gauche, ridicule.
Je choisis d’en rester là. Je finirais bien par rentrer. J’allais tout simplement m’attendre chez moi. Que m’était-il arrivé ?
in J’avais quelque chose d’urgent à me dire
Poème de Guy Chaty, emporté par le COVID19, le 7 avril 2020