Les États généraux permanents de la poésie, 2025

L’édition du poème

Inauguré il y a huit ans, après « La visibilité », « Le devenir », « Les métamorphoses », « Les finalités », « La pensée », « Le son » et « La traduction » du poème, le Marché de la poésie a choisi de clore ce parcours avec une dernière session consacrée à « L’édition du poème ». Ainsi, la parole est-elle rendue aux éditeurs, aux acteurs de la création poétique, à celles et ceux qui, de la page blanche au livre publié, de l’écriture à la rencontre des publics, du texte à la performance, pensent, imaginent, travaillent à la continuité essentielle de la poésie sous de multiples formes et pratiques.

Certes, éditer c’est assurer la reproduction, la publication et la diffusion d’une œuvre, mais c’est avant tout établir son texte, éventuellement accompagné d’un paratexte, de notes, de commentaires ; c’est un travail de conception, de création, de lecture et relecture d’une histoire séculaire du livre sous ses différentes apparitions à travers l’histoire de l’écrit. Mais c’est aussi manifester des partis pris, tant de contenus que de formes, de formats, de modes de publication, de diffusion. Du simple tract à la revue, de l’affiche au livre, de la lecture publique aux supports sonores, aux podcasts, éditer le poème est une affaire polymorphe dont les variations sont liées à l’évolution des outils de communication de nos sociétés.
Éditer, c’est donc procéder à des choix abstraits qui prennent corps et deviennent des objets concrets, supposant des prises de risques économiques et humains, dans le milieu culturel contemporain où la poésie n’est pas l’art le plus facile à promouvoir.

Éditer enfin, bien que relevant souvent d’une pulsion fondamentale et vécue avec passion par ses acteurs, c’est tracer un chemin complexe dont les destinations ne sont jamais clairement d’emblée définies. Serait-ce en cela, dans cet espace ouvert et aventurier, que l’édition du poème demeure essentielle à nos vies de créateurs et de lecteurs ?

Les tables rondes en décideront peut-être, rassemblant comme rarement nous le voyons aujourd’hui dans le débat poétique, les différents acteurs de ce qu’il est courant d’appeler la « chaîne du livre », à laquelle nous préférons au Marché de la poésie pour gagner en liberté, substituer l’expression « les alliances du livre ».